Une année autour du monde

"Un voyage se passe de motifs. Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens; on lui cherche des raisons. Et on n'en trouve qui ne valent rien. La vérité, c'est que l'on ne sait omment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres, jusqu'au jour où, pas trop sûr de soi, on s'en va pour de bon. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même..."
Nicolas Bouvier - L'usage du monde


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jeudi 4 mars 2010

Une autre belle aventure!

J'ai eu le bonheur de rencontrer Jeanine Balland des éditions Calmann Levy suite à l'envoi du manuscrit que j'avais écrit pendant le voyage, un roman sur la résistance en Bourgogne.
De fil en aiguille, Jeanine m'a convaincu d'écrire le récit du voyage. Le voici! Il est disponible dans les librairies depuis le 3 mars 2010.

Je vous en livre les premières lignes:

L’Aber Wrac’h

15 septembre 2008, le jour du départ

Le Volkswagen Transporter rouge pétant se gare à l’extremité du petit port. La porte coulissante s’ouvre à grand bruit et la joyeuse tribu s’extraie de la camionnette. Côme, Claire, Sophie, Philibert, Clotaire, Anne et Emilie, les voilà tous sur le quai, balayant du regard les eaux de l’Aber pour tenter de repérer la silhouette de No Limit. Soudain, Sophie s’écrie :

- Je le vois ! Je le vois ! Là-bas…

Six paires d’yeux se tournent aussitôt vers elle pour suivre son doigt pointé vers un bras de mer. Là, flottant tranquillement dans le courant de la marée montante, No Limit les attend, prêt à embarquer son équipage de jeunes mousses pour une aventure autour du monde.

Après la longue route depuis le sud de la Bourgogne jusqu’aux confins du Finistère, l’excitation monte. Clotaire court le long des quais, sautant par-dessus les anneaux d’acier, enjambant les amas de filets et les lourdes amarres lovées sur le quai. Déjà, il faut surveiller Anne et Emilie qui s’approchent un peu trop près du bord, au goût de Maman. A cinq ans et deux ans et demi, elles ne savent pas encore nager. Je redoute le pire. Je n’aurai pas droit à une minute de répit.

- C’est Michel !

Claire a repéré la silhouette du capitaine se détachant au pied du mat. Tout le monde se met à crier en levant les bras et en brassant l’air comme autant de jeunes albatros au décollage. Enfin, Michel tourne la tête. Il a repéré la tribu. Je l’imagine se disant « Ca y est… finie la tranquillité. L’aventure commence, et quelle aventure ! Sept enfants à bord de No Limit...» Un signe de la main et le voici qui saute dans l’annexe à moteur pour rejoindre le port. Déjà, Papa et Maman déchargent les bagages et une petite montagne se forment. Ici les sacs à dos, là les caisses de médicaments, deux sacs remplis de romans et une valise pour les cours du Cned. Michel, très attentif au poids de son bateau et à ses performances en navigation, risque de faire la grimace. Mais, on ne part un an autour du monde, avec sept enfants, sans un minimum d’affaires ! Il n’y a que moi qui, perchée à la vigie, ne prendra guère de place sur le bateau. Quant à mes bagages…

Je m’appelle Inès et j’ai deux mois et demi… depuis douze ans ! Je suis née en novembre 1995, dix huit mois après Côme, et j’ai fait le mauvais tour à mes parents de repartir sur la pointe des pieds, une nuit de janvier 1996. Un sommeil profond, un peu trop, et je me suis retrouvée au ciel. Une apparition furtive sur la terre, juste le temps de prendre goût à la vie de famille et de m’attacher à ceux qui allaient faire l’objet de toutes mes attentions, mes parents, mon grand frère et mes petits frères et mes petites sœurs. Vous imaginez aussi ma tête lorsque l’idée a commencé à germer dans l’esprit de Maman de partir autour du monde! Déjà, dans le cadre habituel de leur vie dijonnaise, je ne dormais que d’un œil, pour éviter les catastrophes ou en réduire les effets. Sur les océans et les routes du nouveau monde, je m’attends à passer de longues heures à veiller sur eux. Mes parents sont un peu fous, un brin anticonformistes. Bien sûr, ce ne sont pas de doux rêveurs vivant de l’air du temps, mais ils prennent un malin plaisir à vivre pleinement leurs envies. Je crois d’ailleurs que mon départ prématuré n’a pas été étranger à leur philosophie : Vivre plusieurs vies en une vie !


Un an de voyage… Quand je me souviens que, sur une simple semaine en camping-car en Ardèche, nous avions frôlé la catastrophe. J’en ai encore des frissons...